Aujourd’hui BRING OUT recueille les confessions d‘Ulvånd, groupe de dark metal toulousain !
Salut à tou.te.s, merci d’avoir accepté de répondre à mes questions 🙂.
1) Quels sont vos souvenirs d’enfance liés à la musique ?
Serge : Ma mère a toujours écouté de la musique mais surtout pas du Rock, du coup mes premiers souvenirs musicaux sont des chansons d’artistes de musique Mariachi et des chansons populaires d’Amérique Latine. Ensuite je suis venu au Rock grâce au fait que mon père, qui était chauffeur de transport en commun, ait trouvé dans son bus un vinyle Live de The Who (The Who Live at Leeds) quand j’avais environ 12 ans. Je suis immédiatement tombé sous le charme de cette musique sauvage et puissante. Dans les années qui ont suivi, avec mon meilleur ami en Espagne, j’ai découvert des groupes comme Scorpions, Judas, Maiden. Nous écoutions en boucle les albums que possédait sa sœur qui était une grande fan de Hard Rock et de Heavy, on s’amusait même à faire des playbacks avec des raquettes en guise de guitares!(rires)
Wil : Quand j’étais petit, les premiers vinyls de Goldorak, Michael Jackson, ACDC, Telephone, Trust, David Bowie, Madonna que j’usais jusqu’à la corde, Brel, Brassens, plus tard Rush, Pink Floyd, Marillion, beaucoup de styles différents qui ont naturellement développé chez moi un goût pour la musique au sens large. Mon premier concert a été celui d’un groupe de hard rock qui s’appelait HEP dans une salle des fêtes d’un petit village quand j’avais environ 8-9 ans. Cela a été une révélation !
Béran : J’ai toujours adoré la musique. Moi aussi j’ai été bercée petite par Brel, Brassens, Ferré, Gainsbourg, Renaud et Bobby Lapointe. Vers 4-5 ans, je chantais déjà les textes de ces grands auteurs à tue-tête sans en comprendre le sens. Puis j’ai eu ma période Madonna vers 7-8 ans, là je m’entraînais carrément à chanter devant ma glace avec ma brosse à cheveux en guise de micro…(et tout ceci en yaourt of course !). Dommage qu’il n’y ait pas eu de vidéo pour immortaliser ça ! J’ai également le souvenir de mes 1ers gros concerts : Jean-Michel Jarre et Dire Straits, c’était avec mon père, j’avais 13-14 ans, c’était magique.
2) Selon vous, qu’est-ce qui vous a amené à faire ce choix de vie ?
Wil : Avec Ulvånd on ne vit pas de notre musique. Nous avons des boulots plus communs et des vies de famille bien remplies. Pour ma part, c’est avant tout une passion, que ce soit en tant qu’auditeur ou acteur. Mais même si cela nous prend beaucoup de temps, cela ne nous empêche pas de créer et réaliser des projets comme ce premier E.P “The Origins”. Nous sommes amateurs mais nous avons cette fibre qui fait que nous avons envie de pousser le projet jusqu’au bout et de bien faire les choses avec nos moyens. A terme, nous espérons faire quelques dates.
Serge : La musique a toujours été ma passion, du coup j’ai très rapidement voulu évoluer dans un groupe et faire ma propre musique, ça s’est fait naturellement.
Béran : On ne peut pas réellement parler de choix de vie car contrairement à d’autres, ce n’est pas notre activité principale. Avec notre ancien groupe (ndlr Leiden), nous aurions aimé vivre de notre musique mais ça n’a pas été possible. Puis nous avons arrêté la musique pendant près de 10 ans et sommes passés à autre chose dans nos vies professionnelle et personnelle : boulot, enfants… aujourd’hui, nous revenons par passion car quelque chose nous manquait depuis toutes ces années… c’était la musique !
3) Quel regard ont porté vos parents, familles, proches sur votre vie d’artiste ? Ce regard a t-il évolué ?
Serge : Mes parents n’écoutent pas du tout de Rock, du coup je n’ai jamais eu réellement de soutien de leur part même s’ils ne m’ont jamais empêché de jouer ou d’écouter ce qui me plaisait. Ils ne sont jamais venus me voir en concert et pendant longtemps, cela m’a contrarié, mais avec l’âge on fait la part des choses et maintenant, je pense que je serais même gêné s’ils venaient à un de mes concerts! J’ai peu de soutien au niveau familial en ce qui concerne la musique, mis à part ma compagne, ma sœur, quelques cousins et cousines. Par contre j’ai pas mal d’amis(es) qui me suivent, et c’est très encourageant et motivant pour moi.
Wil : Pour ce qui est de ma famille, mes parents n’ont jamais vraiment été des soutiens, je pense que c’est une question de culture musicale. Le metal peut paraître parfois très violent pour des oreilles peu habituées. Mais ma mère adore la musique, nous avons pu partager des choses et elle m’a transmis son sens du rythme et son oreille 😉. Mon frère et ma sœur m’ont toujours soutenu, ne serait-ce que par principe. Nous nous soutenons toujours à 200% entre nous et ils peuvent apprécier parfois quelques morceaux 🙂 .
Ma première famille musicale, ça a bien sûr été les membres de mes anciens groupes. Puis il y a eu le collectif Antistatic. C’est là que j’ai ressenti le plus grand soutien, le partage et l’entraide humaine avec un grand H.
Béran : Comme je te le disais tout à l’heure, on ne peut pas réellement parler de « vie d’artiste » vu que nous bossons tous à côté. Mes parents ont été très surpris quand j’ai commencé à chanter dans un groupe de métal et la pilule a eu parfois du mal à passer tant il y a de préjugés sur le style… n’appréciant pas particulièrement cette musique, ils sont tout de même venus me voir en concert et achètent également les albums pour me soutenir. Je pense qu’ils trouvent ça trop violent et que ça s’apparente davantage à du bruit pour eux (surtout quand Serge chante !), ma mère aime bien les parties où je chante mais je pense qu’elle n’est pas très objective… les jeunes de ma famille (sœur, frère, cousins, neveu, nièce) sont fans et ça fait bien plaisir. Les potes aussi nous encouragent et suivent notre actu ; tout comme Wilfried, j’ai particulièrement ressenti ce soutien quand nous faisions partie du collectif Antistatic avec notre ancien groupe.
4) Avez-vous une passion / activité parallèle ?
Serge : Honnêtement, ma seule véritable passion c’est la musique en général. Je suis très casanier, j’aime rester à la maison. J’ai un cercle d’amis proches, et j’aime beaucoup passer du temps avec eux à boire une bonne bière, écouter de la musique, refaire le monde ! Rien de très Rock’n’Roll quoi ! (rires)
Wil : Énormément. Le tennis, le graphisme, l’Univers, la boxe, le dessin, le VTT, voyager, j’aimerais apprendre la batterie, le piano, l’astrophysique, la planche à voile… Il me faudrait à peu près 10 vies supplémentaires pour tout faire, je suis prêt à faire un crédit sur 450 ans.
Béran : La musique est ma véritable passion. Je fais aussi du sport quand j’en ai le temps et m’adonne aux claquettes depuis peu (non, non, ce n’est pas une blague !). Sinon, j’adore aussi voyager et suis fan de séries, plus particulièrement les séries policières scandinaves.
5) Selon vous, pourquoi les femmes sont si peu représentées sur la scène metal ? Plus généralement, que pensez-vous de la place des femmes dans le monde du metal (public, artistes, techniciens, médias…) ?
Serge : Les femmes sont beaucoup plus présentes que dans les années 80 ou 90, même si elles restent largement minoritaires, ce qui est très dommage car les femmes ont amené une autre vision du métal, elles ont su donner une autre atmosphère au style. Elles ont grandement contribué à faire évoluer les mœurs dans un style qui était tout de même, il faut bien se l’avouer, bien macho ! Des artistes comme Lita Ford ou Doro, pour ne citer qu’elles, avaient une sacrée paire de bollocks pour s’imposer dans les années 80 !
Dans le public, je n’ai personnellement jamais vu de gestes déplacés ou des mots grossiers, même si je sais que ça arrive bien sûr, il y aura toujours un bon lourdeau pour faire des réflexions, mais c’est aussi à nous les hommes de mettre un terme à ce genre de comportements quand on en est témoin. Mais je trouve que dans l’ensemble, le public masculin dans le métal est plus respectueux des femmes que dans d’autres styles musicaux.
Wil : Je trouve qu’il y a beaucoup de femmes qui écoutent du metal en 2020. Beaucoup de groupes ont également dans leurs rangs des femmes, surtout en tant que chanteuses, peut être moins en tant qu’instrumentistes (contrairement à la musique classique, où il y a beaucoup de femmes instrumentistes par exemple). Le metal n’a pas de sexe, ceux qui pensent l’inverse sont en voie d’extinction. Perso, je n’en connais pas.
Sinon, pour l’anecdote, notre premier sonorisateur (dans notre ancien groupe Leiden) était en fait une sonorisatrice et nous ne nous sommes jamais posé la question quant à ses compétences en raison de son sexe. Pour ma part, je ne fais pas le compte du nombre de femmes, je pense par ailleurs que nous ne sommes pas tous pareils et nous sommes naturellement attirés par des choses différentes. Il y a par exemple plus de guitaristes homme que femme mais je ne vois pas le problème, à partir du moment où personne n’interdit à une femme de jouer de la guitare. Je suis pour la liberté totale et je pense que le cheminement doit être naturel et cela passe également par l’acceptation de l’altérité homme-femme.
Béran : De par la représentation qui est faite (dans les médias notamment), qui dit fan de métal dit forcément grand chevelu tatoué qui boit de la bière et montre ses fesses dans les concerts, cela doit rebuter certaines filles qui n’essayent même pas d’écouter ce type de musique. Je trouve qu’il y a quand même beaucoup de femmes qui écoutent du métal de nos jours.
Quant à la représentation, c’est vrai qu’il y a peu de musiciennes dans ce style, hormis au chant car de plus en plus de groupes estampillés « female voice » ont émergé depuis l’avènement de Theatre of tragedy et the Gathering dans les années 90. Il y a aussi eu des groupes exclusivement féminins comme Drain ou L7, mais on les compte sur les doigts de la main. Peut-être les femmes n’osent pas entrer dans cet univers qui, de prime abord, semble plutôt emprunt de testostérone et réservé aux hommes ? Pour ma part, je n’ai jamais eu de problèmes avec les autres musiciens masculins que j’ai pu rencontrer sur des dates, ils sont tous respectueux. Il m’est déjà arrivé en revanche d’entendre un « à poil ! » ou « t’es mariée ? » de la part d’un lourdingue du public, c’est assez agaçant, même si tu sais que le mec est à 2 grammes et que tu n’y prêtes pas attention. Mais bon, je pense que c’est le lot de tous les styles et que ce n’est pas propre au métal (c’est d’ailleurs récemment arrivé à Jenifer ! lol). Là où le sexisme bat son plein je pense, c’est davantage du côté des techniciens. Notre ancienne sonorisatrice était souvent prise de haut par les techniciens d’accueil des salles, ils pensaient tous, « c’est une nana, elle est forcément naze ». La pauvre devait vraiment s’imposer alors qu’elle était talentueuse. En général, ça ne durait pas trop longtemps, les mecs prenaient vite leur beigne en voyant ce dont elle était capable et la ramenaient moins par la suite…
Après le sexisme est dans la société donc il est forcément présent dans la musique (y a qu’à voir l’image de la femme dans les clips de certains groupes de rap, l’émergence du mouvement music.too et toutes les affaires sordides de harcèlement sexuel), mais je ne pense pas que le métal soit le style où il soit le plus ancré.
6) Difficile d’éviter le sujet en ce moment : comment vivez-vous la crise sanitaire actuelle (Covid-19) ? Quel regard portez-vous sur ces événements ?
Serge : Et bien je ne le vis pas trop mal, même si durant le confinement de mars c’était dur de ne pas pouvoir voir les gens que j’aime. J’en ai profité pour passer du temps avec mon fils, lire, écouter de la musique. Le plus grave, c’est surtout cette situation qui se dégrade et en particulier pour tous les gens du spectacle, ça m’inquiète réellement.
Wil : Je ne peux pas me plaindre, je n’ai perdu personne de proche à l’heure actuelle. Ceci étant dit, nous espérons tous que cela se terminera le plus rapidement possible. Pour que nous puissions reprendre les concerts en tant que spectateurs et musiciens. Les salles et artistes intermittents sont les plus touchés à l’heure actuelle, le sablier est en marche et il n’y a pas de solutions pour les musiques “debout”. On a plus qu’à espérer et soutenir les structures et les groupes comme on peut.
L’être humain devrait avoir beaucoup appris de cette pandémie, il devrait y avoir une énorme remise en question au niveau écologique. J’y ai un peu cru au début mais maintenant, je suis convaincu que ça ne changera rien et que nous allons dans le mur. La seule chose à faire est de faire reculer l’échéance du choc. C’est une vision pessimiste mais réaliste je pense. C’est d’autant plus difficile à accepter quand on a des enfants, ce qui est mon cas.
Béran : Je rejoins mes collègues pour ce qui est de l’inquiétude pour les intermittents, le spectacle debout, pour l’art et la culture en général sans oublier les petits commerçants, restaurateurs ou auto-entrepreneurs qui sont dans la galère. Que vont devenir tous ces gens si la situation sanitaire ne s’améliore pas ? La situation est vraiment anxiogène ; ce qui est le plus déstabilisant, je pense, c’est que l’on ne peut rien prévoir à l’avance et que tout est incertain. Personnellement, je suis pas mal perturbée par tout ça et inquiète pour mes proches.
Je trouve que cette crise en dit long sur la société actuelle et révèle les aspects les plus vils de l’humanité : entre ceux qui sont dans le déni, les conspirationnistes, les anti-masques d’un côté et les hypocondriaques et ceux qui font des excès de zèle et utilisent la crise à des fins politiques de l’autre, on ne sait plus où donner de la tête ni qui croire. La désinformation prime, les gens sont de plus en plus aigris et la société se divise de plus en plus. Cette situation me préoccupe énormément.
7) Un peu de légèreté : quelle chanson (ou artiste) inavouable appréciez-vous ?
Serge : Alors, pour le coup j’assume tout ce que j’écoute ! Mais le plus étrange peut-être c’est mon goût pour la musique Mariachi, souvenirs de mon enfance comme je te disais plus haut. J’écoute énormément de Flamenco aussi, je l’avoue avec une grande fierté ! (rires)
Wil : Haha ! Inavouable ? Je ne vois pas. Dans la catégorie plutôt drôle et moisi, à l’heure actuelle, je dirais Gilles Dor et Michel Vedette !
Béran : Moi j’assume tout ! Mais pour ce qui peut paraître étonnant au vu de la musique qu’on fait je citerais : Julien Doré, Demis Roussos, Michel Polnareff et Boby Lapointe.
8) Pour conclure : quel est le truc le plus dingue qui vous soit arrivé en concert ?
Serge : Personnellement, je n’ai pas fait assez de concerts pour avoir une anecdote croustillante à raconter. Juste une fois, après un concert d’In Lupus Pacis, deux filles m’ont demandé si je pouvais parler avec “ma vraie voix”, j’ai été très surpris et je leur ai demandé “que voulez-vous que je vous dise ?” Du coup, elles sont parties en riant et en disant : “tu as entendu ? Il a parlé avec sa vraie voix !” Grand moment de solitude pour moi ! (rires)
Wil : Faire une reprise de Pierre Bachelet (Marionnettiste) en voix death metal en tant qu’invité du groupe Delicatessen dans un Bikini bien bondé. Je ne parlerai pas de la fois où j’ai commencé un concert sans son de guitare alors que ça fonctionnait 30 minutes avant de démarrer….digne d’un bon cauchemar de musicien 🙂.
Béran : Pour ma part, c’était avec notre ancien groupe, quand nous avions encore les machines sur CD. C’était à Colmar il me semble, tout allait bien quand tout à coup le CD s’est mis à sauter. Imagine-toi, tu es en train de chanter le milieu du couplet et ça passe direct au refrain ! Je ne sais pas comment nous avons fait, mais nous avons tous capté à temps et avons pu retomber sur nos pattes en mode « ni vu ni connu je t’embrouille ! » mais ce fut une grosse frayeur pour ma part.
Line-Rose, pour BRING OUT.

Leur E.P “The Origins” sorti en mars 2020 est disponible en digipack.
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Bravo pour cette interview sans filtre et révélatrice de vos personnalités Je vous souhaite le meilleur Il ne faut rien lâcher Et BRAVO Line Rose pour cette “mise en lumière” de nos artistes 💙