Sélectionner une page

Aujourd’hui BRING OUT recueille les confessions de Rãgarãja, groupe de djent-rap-metal parisien prometteur.

Salut les gars, merci d’avoir accepté de répondre à mes questions 🙂.

1) Sidilarsen a choisi de parler de vous sur Bring Out, quel regard portez-vous sur eux ?

Stanislas (guitare) : Des mecs qui ne sont clairement pas là pour enfiler des bretelles à des tortues.

Léo (batterie) : Une musique aussi bien torchée que leur accent du sud, excellent en live, les 22 ans de parcours du combattant se font ressentir.

Euryale (chant) : C’est pas mal résumé ! Je rajouterais que de mon regard ce sont des « historiques » du metal français, comme Mass Hysteria, Lofo, etc. En plus ils font partie de la culture francophone, ils ont contribué au metal en français, ce qui est important pour moi. Puis surtout, ils ont fait preuve de résilience, et c’est quelque chose que je respecte beaucoup, l’éphémère est trop répandu.

2) Quels sont vos souvenirs d’enfance liés à la musique ?

Chris (guitare) : Tout petit j’adorais aller chez mon oncle pour qu’il joue de la guitare et ensuite c’était à mon tour d’essayer, même si je ne savais pas jouer, j’adorais entendre le son de la disto bien grasse.

Euryale : j’ai un peu ça aussi, le coup de la disto bien grasse, quand j’ai eu ma première guitare, je savais pas jouer, mais je faisais sonner à vide ça m’éclatait. Mais si je remonte plus loin, je me souviens des 4 premiers CDs que mon père m’avait donné quand j’avais 10 ans : « Appetite for Destruction » des Guns N Roses , « Powerage » d’AC/DC, « Hammered » de Motörhead, et le live de 89 des Béruriers Noirs à l’Olympia. Autant dire que j’ai pas du tout démarré avec du soft ! Même si à l’époque pour moi les guitares et solo que j’entendais c’était du piano…(rires) j’étais pas fichu de reconnaitre les instruments !

Stanislas : Avant même de savoir jouer de la guitare, mes premiers souvenirs sont les longues journées à faire du « Air guitar » sur les vieux classiques britanniques que sont les Animals, les Shadows, les Kinks, les Who et puis aussi mon premier CD qui est un Best of de Jean Michel Jarre.

Euryale : Jean-Michel Jarre ? Putain en fait t’aurais pu mal tourner, genre finir claviériste…

Léo : Moi ce sont les clubs de jazz rue Lombards regorgeants de débauche, des nuits transcendées de ma plus tendre enfance…

3) Selon vous, qu’est-ce qui vous a amené à faire ce choix de vie ?

Léo : L’envie viscérale quasi-malédiction de nager à contrecourant d’une société assise sur une chaise de bureau. Également un héritage paternel.

Chris : Quand on beigne dedans tout petit c’est dur d’aller vers une autre voie ! Puis au fil du temps tu fais des rencontres dans ce milieu-là.

Euryale : Ouais et tu t’attaches à l’humain d’autant plus. Perso c’est un choix de vie qui m’a « sauvé la vie », je sais quoi faire de mon temps, j’ai ma mission, je purge toute ma colère dans la créativité et je le partage, c’était inconscient quand j’ai commencé. Je pense que c’est l’orgueil de vouloir apporter sa pierre à l’édifice immense qu’est l’art. C’est l’envie d’exister par la création.

Stanislas : Ouais et c’est avant tout un choix du cœur. La musique est l’une des plus belles créations de l’homme, pourquoi s’en priver ?

 4) Quel regard ont porté vos parents, familles, proches sur votre vie d’artiste ?

Chris : Aucune peur, ils sont contents. Juste pour ma mère c’est de la musique de sauvage mais sinon elle approuve.

Stanislas : Pareil ils sont derrière moi avec énormément de soutien et d’encouragements.

Léo : Moi j’ai le regard d’un père musicien continuellement en tournée et d’une mère photographe d’art, j’aurai tendance à dire la peur de l’échec au début…

Euryale : Pareil que Chris c’est un peu « trop sauvage » pour eux parfois. Mon père me dit d’articuler plus quand je chante. Je pense qu’il est sourd et qu’il a du mal à comprendre ce que je crie. Après ils ont un super regard, ils me soutiennent depuis le début, faut dire que c’est à cause d’eux que j’en suis là. On était à un concert en famille (Marcel et son Orchestre), et mon petit frère (9 ans à ce moment) sur le chemin du retour a balancé « et si on faisait un groupe de rock ? ». La semaine suivante mon père lui achetait une batterie, une guitare pour moi, et s’achetait une basse, puis ma mère « qui ne chante pas juste, mais pas faux non plus » a pris le chant ! J’ai commencé en famille et j’espère finir en famille un jour.

5) Avez-vous une passion parallèle ?

Stanislas : Le cinéma/littérature d’horreur (attention je suis sélectif) et la Science-Fiction !

Chris : La photographie ! Apaisant, calme, les images ne parlent pas, on repose un peu les oreilles.

Euryale : La bouffe et ça va finir par se voir ! (rires) Sinon, tourner des clips. J’adore ça. C’est tout sauf reposant par contre.

Léo : Moi ça a été longtemps la boxe, passion vestige d’un “moi” antérieur.

Euryale : ça t’a surtout évité de devenir un vestige prématurément ! (rires)

6) Selon vous, pourquoi les femmes sont si peu représentées sur la scène metal ? Plus généralement, que pensez-vous de la place des femmes dans le monde du metal (public, artistes, techniciens, médias…) ?

Léo : De plus en plus de femmes sur le terrain en technique, peut-être moins valable pour la scène, les mœurs changent je pense.

Euryale : Ouais en régie c’est dingue comment ça a enfin changé. Dans notre équipe, notre ingé-son façade (Océane Landry) fait un taff monstre d’ailleurs, et les deux derniers concerts on a été accueilli par des régisseuses, c’est cool de voir ça. Coté public rien à voir aussi c’est beaucoup plus équilibré qu’il y a 10 ans, de notre coté on a vraiment beaucoup de femmes qui suivent le projet. Coté artiste c’est moins le cas, je sais pas si y a un facteur qui fait que y a moins de femmes sur scène. Je pense pas que le metal soit une musique machiste en elle-même, mais c’est un bon miroir des clichés car la « colère », l’excès, la rage sont les sentiments, les vecteurs de langage de ce genre, et dans la société à l’inverse on demande plutôt aux filles d’adopter des comportements doux, dociles, voire effacés (ce qui incite pas à monter sur scène). On observe la même chose dans le Rap, ceci dit je pense que c’est pas figé, ça bouge, ça va mettre un peu de temps mais je suis optimiste.

Stanislas : Oui clairement à l’heure actuelle je ne pense pas que le métal soit le genre qui diabolise le plus la femme et elle n’est pas si absente, autant dans les groupes (Infected Rain, Jinjer, Walls of Jericho, Arch Enemy, Baby Metal puis toute la vague symphonique qui est pas toute jeune non plus etc..) que sur le terrain en technique ou même dans le public, les temps changent !

7) Un peu de légèreté : quelle chanson (ou artiste) inavouable appréciez-vous ?

Euryale : Rien n’est inavouable si on a les bons moyens de torture ! (rires)

Léo : Rihanna sur quelques tracks ça passe bien !

Stanislas : La reprise du morceau de Michael Sembello, maniac repris par Carpenter Brut.

Chris : Swagg Man !

Euryale : T’es sérieux ? Ah ça je crois je ne l’aurais pas avoué même sous torture. Hmmm, pour ma part c’est Jack Uzi. Un troll rap débile au possible ça me vide le cerveau. Kamini aussi, il me fait bien marrer. Roh maintenant j’y pense y en a plein… « le lac du connemara » ça passe en vrai ? Y a Fatal Bazooka aussi. Des trucs kitsch comme Toto, du style « Africa » mais en même temps c’est un hymne.

8) Le truc le plus dingue qui vous soit arrivé en tournée ?

Léo : Avec mon autre projet, une sorte d’Alice aux Pays des Merveilles : on a découvert en rampant par le placard sous l’évier de la cuisine à côté des loges – me demande pas comment on a fini là-dedans – un passage secret vers un squat d’artiste lumineux de punk. Le truc bien surréaliste qui fait plaisir et flipper en même temps.

Euryale : Dans les trucs improbables on a organisé une date avec mon précédent groupe devant 100 ordis pendant une LAN (une partie en réseau). La pire idée que j’ai jamais eu, les gars n’ont pas décroché de leur écran, sauf pour crier « à poil » à la chanteuse. C’était trop novateur comme concept les gens étaient pas prêts. Sinon on est sage avec Rãgarãja. On a cramé nos amplis, on a fait sauter les plombs de la salle en plein milieu d’un set, on a joué dans une sorte de cave pourrie pas plus large qu’un couloir, on a joué sur un ring de boxe, on a joué dans un fest Metal organisé en plein milieu d’un jardin dans une résidence de bourgeois du 78 (oui, oui) mais jamais de bagarre (rire), d’alcool, ou de substances. Jamais. Enfin… quand je finis par dormir dans la baignoire, je me demande ce qu’il s’est passé avant.

Chris : Hahaha ! On se croisera en tournée vous verrez bien 😉.

Stanislas : C’est ça ! Affaire à suivre !

9) Pour conclure : quel conseil donneriez-vous à Sidilarsen pour qu’ils restent dans la place ? (rire) 😉

Léo : De faire notre première partie à Toulouse on a plein de potes là-bas (fou rire général) !

Euryale : Pour le coup je serais curieux de voir ce que ça pourrait donner avec un accordage plus grave en 7 cordes voire 8 pour eux, un léger poil plus de double pédale, et une prod ultra moderne type djent ! Tout en gardant l’efficacité de leur composition et leur coté « dansant ».

Stanislas :  En vrai continuer d’être humain comme ils sont, c’est une bonne façon de toujours coller de près à son public et de rester dans la place !

Chris : Ouais et ils resteront le toujours car ils sonnent comme des milliards contre une élite impossible qu’on les évite !

Line-Rose, pour BRING OUT.