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Confessions de Sidilarsen

Confessions de Sidilarsen

Photo : http://www.albimages.fr/

Pour la première interview de BRING OUT, David et Viber de Sidilarsen, le groupe de metal-électro toulousain nous partagent leurs confessions.

Hello les gars, merci d’avoir accepté de répondre à mes questions 🙂.

1) Pour commencer, parlez-moi d’un groupe émergent que vous défendez ? Qu’est-ce qui vous touche chez eux ?

David (chant) : J’ai envie de saluer Rãgarãja, un groupe parisien de “djent rap metal moderne”. J’aime leur parti pris, leur énergie et leur engagement, ils chantent en français, c’est rare aujourd’hui, je trouve ça courageux. Ils ont participé à notre concours, lancé pour que des jeunes artistes puissent avoir un petit éclairage, et pour le gagnant, faire notre première partie à la Maroquinerie. On a été surpris de voir que 110 groupes de metal se sont inscrits au concours en quelques jours, ça témoigne des besoins immenses sur cette scène. Il y a eu un bel état d’esprit, chacun conviait ses fans à participer, et les divers publics ont découvert d’autres artistes. Au final on avait annoncé que nous choisirions parmi les 10 premiers, c’était pas simple car il y avait beaucoup de talent et de diversité, notre choix s’est porté sur Ragaraja. Ils ont fait honneur à leur place d’invité lors du concert à la Maroq’ 😉 Je vous invite à les découvrir en live et sur album !

Viber (guitare-chant) : C’est un groupe prometteur et chanter en français dans ce style, c’est pas courant. Bravo pour l’audace.

2) Quels sont vos souvenirs d’enfance liés à la musique ?

David : Mon père qui chantait souvent dans sa Peugeot 104 sur les petites routes, à fond dans les courbes, j’aimais sa voix grave, ça m’impressionnait, parfois je trouvais ça beau, d’autres fois c’était un peu trop…je développais déjà ma sensibilité propre je pense. J’étais timide et très observateur. Je ne chantais pas ou très peu. Je me souviens aussi de ces moments où il sortait sa guitare sèche lors de fêtes bien arrosées pour accompagner sa voix. Il interprétait surtout des reprises. J’ai découvert plus tard qu’il avait écrit des chansons, mais il ne s’en ventait pas, je pense que c’était un plaisir personnel assez passager. Un ami à lui jouait parfois du sax’, et surtout un autre grattait super bien, j’étais émerveillé…et découvrir plein de gens endormis dans le jardin au petit matin…ça avait l’air tellement cool ce mode de vie teinté de musique et de fête ! Et puis toujours via mon père, la découverte sonore de Pink Floyd, Dire Straits, The Beatles, Led Zeppelin, Nina Hagen au milieu de Brel, Brassens, Léo Ferré, Barbara et de musiques africaines….avec du recul, tout cela aura finalement de grandes conséquences pour la suite. S’en sont suivis mes premiers achats d’albums en cassette audio, sans parler des innombrables copies sur cassette vierges 😀

Viber : Mes deux parents ont toujours écouté beaucoup de musique. Mon père est un très grand fan de Léo Férré. A part Pink Floyd, Led Zeppelin et 2-3 autres, c’était plus de la chanson française (pas de la variété), que du rock, j’ai donc très tôt accordé beaucoup d’importance au texte, au sens. Ma mère chantait très bien, notamment du Barbara. J’ai été baigné dans la musique depuis tout petit. Ma culture rock, je me la suis faite dans ma chambre. Les Bérus, Zztop, Guns n Roses…  En fonction des cassettes qu’on voulait bien me prêter 😉

3) Selon vous, qu’est-ce qui vous a amené à faire ce choix de vie ?

David : Je crois avoir été marqué très jeune par une sensibilité aux arts, ma mère étant davantage sur la peinture, mon père dans la musique, même si ces derniers n’en n’ont pas fait leur métier. Amis depuis nos naissances, Benjamin (Viber) et moi même nous sommes retrouvés dans une troupe de théâtre amateur hyper créative de 13 à 18 ans. Sam (batterie) mon jeune frère nous y a rejoint quelques années. Cette troupe était menée par une certaine Arlette, qui gérait une ferme d’accueil pour jeunes en grande détresse. Habitants à proximité, nous avons intégré cette troupe atypique qui nous a ouvert les contrées de l’adrénaline scénique et de la création. Puis nous sommes aller jouer notre spectacle en Belgique, Luxembourg, Lituanie et Russie. Le genre d’expérience dont tu ne te remets pas haha ! De fils en aiguille, fin du lycée, bande de potes, bière et rock’n roll nous ont emmenés vers la création de Sidilarsen. 22 ans après nous sommes toujours là, passionnés et engagés dans un combat de groupe de metal français. Oui c’est un combat limite politique ! C’est aussi ce qui nous motive et nous tient je pense. Sur un plan personnel, je me suis toujours senti un peu décalé, très tôt à l’école, on disait souvent que j’étais dans la lune, assez lent dans beaucoup de choses…oui je rêvais, je me sentais un peu à côté des gens dits “normaux”…Il y a indéniablement chez moi un côté Peter Pan, même si cela n’empêche nullement d’avancer, traverser les désillusions, endurer, mûrir. Une chose perdure en moi : rester un gosse qui kiffe lorsqu’il s’agit de créer, envoyer du son en studio comme sur scène.

Viber : Ma mère peignait, j’ai fait du théâtre, ma famille m’a transmis une très grande sensibilité à toutes les formes d’art. J’ai toujours été encouragé à la découverte. Quand je me suis mis à écouter des groupes de Heavy metal, les mecs m’ont fait rêver. Ils avaient l’air si libres. Le look, les guitares, les filles 😉 Je me suis immédiatement identifié à cette rébellion. A l’école, je me sentais en marge, à l’étroit, je regardais toujours par la fenêtre… La première fois ou je suis monté sur scène, dans le cadre du théâtre, ça a été une révélation, j’ai eu envie d’y revenir, avec quelque chose de personnel. On s’est retrouvés entre potes et on a travaillé pour produire des morceaux qu’on pourrait jouer devant un public. Petit à petit, on s’est construit une identité, notre personnalité musicale. Dès 18 ans, je savais que je voulais devenir musicien professionnel. Après nos premiers concerts, poursuivre dans cette voie est devenu une évidence. On a continué jusqu’à aujourd’hui, pour vivre notre rêve, en portant des valeurs de justice sociale.

4) Quel regard ont porté vos parents, familles, proches sur votre vie d’artiste ? Ce regard a t-il évolué ?

David : Évidemment c’était pas simple, même si par chance mes parents sont et ont été plus ouverts que la norme je pense. Le plus compliqué a été de faire comprendre à ma mère que cette “maladie” de faire un groupe de metal n’allait pas passer :-D…ce n’était pas un caprice passager d’ado, mais bien une vocation d’un éternel enfant haha ! Parfois ma mère croit encore que je vais arrêter. Mais non pas de chance ! Ha ha ! C’est dans mes tripes, dans mon sang. Mon père lui, a toujours signifié que ses enfants étaient libres de faire ce qu’ils voulaient en leur âme et conscience. Aujourd’hui il y a beaucoup plus de respect quant à ce choix de vie, et souvent même de la fierté de leur part. Au bout de 22 ans : ouf ! Quand au reste de la famille, la fierté l’a vite emporté. Dès que tu déboules avec des albums physiques, que tu es vendu dans le commerce, que tu fais des clips, des tournées en France et à l’étranger, bon ben ça en met plein la vue…même mon banquier j’ai pu l’amadouer avec le mythe du “rockeur” qui a la belle vie hors système, trop crème, trop dans le rêve. La réalité est beaucoup beaucoup plus rude mais non moins excitante et passionnante. Je dirai que le regard a encore changé quand les entourages ont vu les images de notre passage au Hellfest devant 30 000 personnes, il y a davantage de respect. C’est un peu con mais c’est comme ça. La longévité joue pour nous aussi.

Viber : Mes parents m’ont poussé à être libre, ils ont respecté mes choix, après le Bac bien sûr 😉 Certains dans l’entourage ne comprennent pas que c’est un vrai métier, d’autres sont jaloux du succès, d’autres encore te traitent comme un éternel ado, déconnecté des réalités…Aujourd’hui, notre carrière parle pour nous. Effectivement nous sommes respectés.

5) Si vous n’aviez pas été artiste, qu’auriez-vous fait ? Avez-vous une passion parallèle ?

David : Être designer automobile : mon plus grand rêve en dehors de la musique ! Je trouve extraordinaire de contribuer à créer un objet aussi important qu’une bagnole pour nos paysages contemporains. Chaque voiture marque clairement son époque. Dans les films, c’est l’objet numéro un pour dater et décorer une ville. J’adore le travail des formes d’une belle bagnole, comment elle prend la lumière, qu’est-ce qu’elle nous dit de son temps, des hommes qui l’ont conçue, des tendances sociétales, qu’est-ce qu’elle exprime aussi en terme de force, de fluidité, de félinité, de sensualité (oui j’ose le mot). Je peux contempler ça pendant des heures et des heures. Et pourquoi certaines formes vont traverser le temps, d’autres pas ? Je trouve ça passionnant. Une belle caisse, pure, racée, je trouve ça sublime, mais pas de tuning je vous en prie, au secours ! Ça vient de loin quand j’y pense, enfant je m’endormais avec des petites voitures en lieu et place de doudous… Dans un autre délire, jouer au tennis à très haut niveau m’aurait enthousiasmé, mais j’ai compris seulement vers 30 ans que ce sport me passionnait. Depuis je pratique régulièrement et je progresse à mon petit niveau. J’adore voir les joueurs et joueuses sculpter la balle avec des effets, jouer avec la géométrie, un jeu d’échec en accéléré, jouer sur la psychologie aussi, se battre contre soi même, inventer de nouvelles façons de jouer pour déstabiliser l’adversaire….je trouve cela passionnant, c’est un défi face à soi même, c’est aussi un espace de création, on peut sans cesse ré-inventer son jeu, s’améliorer, se surprendre et surprendre. Il se trouve qu’en ce moment nous traversons une des plus belles ères de ce sport avec des joueurs incroyables au plus haut niveau, cela ajoute à cette passion.

Viber : Comédien, acteur, mais rien en dehors du domaine artistique.

6) Selon vous, pourquoi les femmes sont si peu représentées sur la scène metal ? Plus généralement, que pensez-vous de la place des femmes dans le monde du metal (public, artistes, techniciens, médias…) ?

Viber : Parce que dans une société patriarcale, les postes importants dans toute l’industrie musicale sont très majoritairement occupés par des hommes. Le monde musical préfère que les femmes soient sexy, douces, apolitiques, derrière un micro avec une voix sensuelle. Ce qui est d’ailleurs étonnant au vu de l’histoire du rock, tout le monde adore Janis Joplin, Patti Smith, Beth Ditto, par exemple. Bien sûr il y a des exceptions, L7…. Dans le metal plus particulièrement, la violence, les hurlements et la puissance, ont été associés à la masculinité, alors qu’à certaines périodes beaucoup d’hommes chantaient très aigu en leggings, et pour se faire une place en tant que femme dans ce monde d’hommes il faut prouver sa valeur 10 fois plus pour acquérir une légitimité. Les mentalités évoluent dans ce domaine, mais c’est pas gagné. Une femme peut occuper n’importe quel poste au sein d’un groupe, ou à la technique. Je suis sûr que le public choisit sur la qualité et pas le genre. Évidemment en tant qu’homme dans un groupe d’hommes, je suis très mal placé pour parler de ce sujet. Pour parler des femmes laissons parler les femmes, on pourrait apprendre beaucoup 🙂

David : Je rejoins Viber sur sa vision, il est important que nous nous sentions concernés par ces sujets en tant qu’hommes, ça fait des années qu’on parle ensemble de l’égalité femmes-hommes au sein des Sidi, de la violence faite aux femmes, des injustices faites aux femmes, mais nous n’avons pas encore réussi à coucher cela dans des chansons, certainement par peur de maladresses….mais je pense qu’on a tort d’attendre, il est temps d’y aller ! Les hommes sensibles à l’égalité doivent s’exprimer clairement là dessus, quitte à chanter « écoutons d’abord les femmes sur le sujet » 😉 Oui écoutons ce qu’elles ont à dire sur les injustices à leur encontre, et agissons, changeons au plus vite ce modèle patriarcal archaïque. Chacun peut agir pour ça !

7) Un peu de légèreté : quelles chanson (ou artiste) inavouable appréciez-vous ?

David : Comme un con je kiffe PNL, c’est tellement absurde que ça en devient ultra énigmatique et du coup fascinant. Ils sont tellement sûr d’eux dans ce qu’ils font. Je ne décode que 30% de leur message, il y a de telles références, un tel folklore et de telles contradictions que je ne comprends quasi rien ! Haha ! Peut être que le fond est négatif, mais je ne crois pas. Je ressens quelque chose d’assez poétique, très noir, très désenchanté mais poétique et artistique. Parfois ça me fait juste rire, tant de frime et de poésie mêlée Haha ! Je suis peut être subjectif car j’y vois aussi une histoire de fratrie, ce mélange de passion artistique et de famille, ça doit me faire écho. Chacun ses tares !

Viber : Marc Lavoine, j’aime bien sa voix 😉

8) Le truc le plus dingue qui vous soit arrivé en tournée ?

Viber : Jouer le matin au Hellfest devant 40000 personnes !

David : Pareil, voir un public si généreux et déchaîné à 11h du mat’, je ne comprends toujours pas ce qui s’est passé ! Dinguerie totale ! 😀
Ah oui sinon il y a ma chute de 2m sur le dos, en sortant de scène dans le noir total, pas de gardecorps, pas de marquage et hop le Didou disparaît, cheveux vers le haut ! 😀 Souffle coupé…plus de peur que de mal ! J’ai pu faire le rappel.

9) Pour conclure : quel conseil donneriez-vous à de jeunes artistes pour avancer ?

Viber : Ne pas lâcher ses rêves, s’inspirer de ses prédécesseurs, cultiver sa personnalité.

David : Se battre, toujours et encore, croire en sa proposition artistique, façonner son art, épaissir le trait, rester curieux, ouverts, bien communiquer, et toujours vibrer !

Line-Rose, pour BRING OUT.

Nouvel album “On va tous crever” disponible en digipack et en édition vinyle.

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